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Les Touaregs «Aman Iman» (1)

Un sens de l’orientation particulier.

Les Touaregs, naissent et grandissent au Sahara. Ils ont un sens extraordinaire de l’orientation. Ce sont des personnes qui s’adaptent et bougent beaucoup. Ils arrivent à reconnaître leurs animaux, leur gabarit… par les empreintes de pattes sur le sol.

L’hygiène chez les Touaregs.

  • Cette aridité du territoire saharien entraîne inévitablement une utilisation raisonnable de l’eau chez les Touaregs. Cet usage de l’eau induit la rareté de la propreté corporelle. En effet, les règles d’hygiène sont conditionnées par la nature. Cette situation difficile fait que le Touareg se lave très rarement. Se laver, dans ces conditions, est un luxe. De par cette situation, ne pas se laver, chez les Touaregs nomades, est presque devenu culturel (2). Pour se nettoyer, les Touaregs se frottent le corps et se lissent la peau avec des poignées de sable qui agissent comme l’émeri pour la débarrasser de la crasse et la rendre douce au toucher.

Crédit photo: Sources familiales. Eau «potable» sous une tente.

L’élevage chez les Touaregs.

Quant aux liens qui existent entre Touaregs et les animaux, je dirais que c’est un lien affectif.

La conception que les Touaregs ont des animaux est différente de celle des autres sociétés. En effet, comme le dit Philippe DESCOLA dans « Nature et Culture » (3) (…) Ailleurs, la manière dont les humains s’assemblent avec d’autres êtres qui sont des non-humains prend une forme tout à fait différente (…) et la plupart des concepts développés en Occident sont des concepts euro-centrés» .

En effet, les Touaregs ont beaucoup de respect pour leurs animaux justement parce que sans ces animaux, ils ne survivraient pas et disparaîtraient de la surface terrestre. Ils les considèrent comme des êtres ayant le droit au respect, le droit à être entretenus, à être protégés, à être aimés. Les Touaregs sont très protecteurs envers eux car ils se sentent reconnaissants vis-à-vis d’eux. Ce sentiment est moins fréquent chez les sédentarisés naturellement.

Chaque type de bétail a ses propres besoins. Durant la saison froide, les camelins sont conduits vers des zones éloignées des puits où l’on peut néanmoins trouver des herbes grâce auxquelles ils pourront limiter leurs besoins en eau, les ovins qui doivent être abreuvés régulièrement sont menés paître de l’herbe sèche.

Les terrains du parcours nomade sont ainsi déterminés par les réalités naturelles et structurés par les besoins alimentaires du bétail. La survie des troupeaux dépend de la pousse de l’herbe. Hommes et bêtes se déplacent donc après les pluies pour profiter du pâturage qui apparaissent.

Les Touaregs tirent de l’élevage l’essentiel de leur nourriture (Lait et viande) ; ils vendent ou troquent leurs bêtes dans les oasis pour se procurer en échange ce qui leur manque (semoule, dattes, thé, gomme etc.).

Crédit photo: Sources familiales.

Le « couple » (4) Touareg/Dromadaire.

Il existe dans le bétail d’un campement Touareg deux types d’animaux: les animaux transporteurs et les animaux non-transporteurs. Parmi ces animaux, le plus proche de l’homme Touareg est évidemment le chameau africain c’est-à-dire le Dromadaire. Et comme l’a si bien dit Marcel BAUDIN (5) l’homme Touareg et le chameau forment «un couple» pour le meilleur et surtout pour le pire de leur vie en commun dans leur foyer qui est le Sahara. Leur aventure de couple a débuté depuis leur enfance. Chaque tente possède deux ou trois dromadaires, tout dépend de la taille de la tente.

Dès ses premiers jours, le chamelon est soustrait à sa mère et reste attaché auprès de la tente, pendant que sa mère se promène en toute liberté à la recherche de sa nourriture. C’est ainsi que les habitudes quotidiennes de l’Homme lui deviennent familières. Le soir venu, la chamelle revient d’instinct au campement pour donner à boire au chamelon. Sa tétée est interrompue par l’homme qui lui prend une partie de son lait pour les besoins de la tente. A partir du sevrage, à peu près quand il a plus d’un an, le chamelon accompagne sa mère au pâturage. Pour l’empêcher de continuer à téter, on protège le pis de la chamelle avec une sorte de «soutien-gorge». La chamelle lâche alors son lait et les hommes peuvent la traire. Grâce à ce moyen détourné, sa lactation n’est pas arrêtée et on peut la traire. Car si la chamelle venait à découvrir la mort de son petit, elle serait agressive à chaque fois que l’homme essaiera de la traire et même si les hommes arrivaient à l’immobiliser, ils n’arriveraient pas à la traire car mystérieusement le lait ne sortira pas.

Calme et doux, le chameau est l’animal particulièrement apte aux efforts prolongés. Bien adapté au parcours des immensités sahariennes. De plus, le chameau peut tenir jusqu’à deux semaines sans boire une seule goutte d’eau.

Son dressage commence à partir de deux ans. On passe une corde à la mâchoire inférieure du jeune chameau et on l’habitue à suivre d’autres animaux en caravane, puis à suivre un homme seul. On le monte d’abord à cru puis on l’habitue à porter une selle et un homme, puis à obéir aux injonctions à baraquer, à se relever, aux changements de direction, à accélérer et à ralentir.

Tout cela se fait avec lenteur, patience, progressivité et beaucoup de persévérance. Le dressage demande en plus de beaucoup de sagesse, plus de deux ans de soin précis, continus et attentifs. Au début, le chameau marque bruyamment don désaccord. Le dresseur frappe le chameau en cas de désobéissance flagrante mais ne le brutalise pas. A la troisième année de dressage, on lui met un anneau en cuivre dans la narine, toujours celle de droite, destiné à y fixer la rêne. On reconnaît d’emblée un chameau mal dressé aux déchirures de ses narines, preuves de son indocilité et de la brutalité de son maître pendant le dressage. Dans certains pays, il n’est pas rare de voir les narines des chameaux portant cinq ou six déchirures. Le fait est exceptionnel chez les Touaregs. A 4 ans, le dressage est terminé mais reste à parfaire, et à 5 ans, le travail est achevé. Les chameaux bien dressés sont peu bruyants. Certains même ne manifestent aucune désapprobation alors qu’on s’en saisit pour les harnacher, baissent la tête pour que leur maître puisse leur passer la corde à nez, baraquent et relèvent sur un simple commandement de la voix. C’est tout un art.

Cette relation spéciale entre Touaregs et animaux illustre parfaitement la place réservée aux animaux dans la société touarègue.

Crédit photo: Sources familiales.

Références

  • Marcel BAUDIN «Les hommes voilés et la femme libre: Les Touaregs», Histoire et perspectives, 2008.
  • Philippe DESCOLA «Par delà Nature et Culture», Éditions Folio, 2015.
  • Hélène CLAUDOT- HAWAD «Touaregs: Apprivoiser le désert», Éditions Gallimard, 2002.

(1) Traduction : « L’eau, c’est la vie » (proverbe Touareg).
(2) D’où le lien entre nature et culture.
(3) Philippe DESCOLA « Par delà Nature et Culture », Éditions Folio, 2015.
(4) Marcel BAUDIN « L’homme voilé et la femme libre: Les Touaregs », Histoire et perspectives, 2008.
(5) Marcel BAUDIN « L’homme voilé et la femme libre: Les Touaregs », Histoire et perspectives, 2008.

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