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Femme, flamme en soi.

Texte écrit et déclamé par Haoussa Kanté lors de la journée culturelle malienne du 20 mai 2023. Elle était accompagnée d’acteurs et actrices.

Vivez avec moi le quotidien d’une femme chez moi de la naissance à la mort.

On la regarde, on la déshabille du regard, on la juge, on la critique, on la rabaisse sans prévoir, on lui demande de sourire, de plaire, de se taire, et de ne jamais remettre en question cet enfer.

À la naissance quand c’est une fille et qu’on prévient le père avec un air jovial (« Monsieur vous avez eu une magnifique fille, mes félicitations ») et tout ce qu’il trouve à dire c’est : « ah une fille ok merci « …

En grandissant avec son frère quand l’envie lui vient de jouer aux consoles ou d’être une gameuse, il ne faut pas voir son père ou sa mère : « Une fille ça joue aux poupée barbie, ça apprends à cuisiner, ça, c’est pour les hommes ».

Une fois adulte, apprêtez-vous bien, c’est encore pire.

Quand tu t’habilles : trop court, trop grand, trop brillant, trop sexy, trop masculin, trop décolleté.

Quand tu veux dire non : une femme ça accepte, une femme, c’est la soumission, c’est le silence, c’est la patience.

Quand tu n’es pas marié avant tes 25 ans, alors là, c’est un autre level.

Il ne faut pas les entendre murmurer ton nom du lever au coucher du soleil dans chaque coin et recoin « hum elle n’a même pas honte, toutes les filles de son âge sont déjà mère de famille ! », « elle préfère sortir avec nos maris au lieu de chercher le sien », « une matérialiste qui n’attend qu’un homme riche », « ce n’est pas toi, c’est ta mère… »et j’en passe.

Et quand tu veux rentrer dans certains milieux professionnels, holà, bonjour au sexisme et la phallocratie.

« Non mais c’est un milieu pour les hommes », « tu es trop fragile, trop émotive et sensible », « tu es faible pour ce domaine, c’est un travail d’homme ».

Quand tu vas à un entretien, monsieur à l’esprit malsain te dit bonjour. Le taf pour une nuit de jambes en l’air. Et je ne vous parle pas des attouchements qui ont précédé et qui suivront.

Et quand tu as enfin un boulot, au moment de soupirer, c’est à ce moment que tu es essoufflée. Entre monsieur harcèlement qui rend ta vie misérable tous les jours et madame la société qui pense que c’est toi qui les provoques avec ton physique ou ton style vestimentaire.

Entre temps, monsieur qui bat sa femme tel sur un tam-tam tout en croyant que c’est bien normal. Et cette pauvre n’ayant nul  part où se plaindre accepte son sort, car pour elle et selon madame la société, plus tu supportes les coups et insultes de ton mari sans rien dire plus tes enfants auront des bénédictions. Dans ma fabuleuse langue : i mougnou i ka sabali i denw be batika.

Drôle, pathétique, pitoyable, aberrant ou juste absurde ? J’en sais rien.

Objet de désir, de rêve et de fantasme, mais aussi la victime, la cible et le souffre-douleur, elle doit subir les regards lubriques, les insultes, les menaces, Et se taire, sourire, être belle, comme une bonne actrice. Elle doit faire face à des défis insurmontables, aux comportements inacceptables, aux insultes, aux menaces, aux oppressions, et à une société qui refuse de voir sa situation.

Elle a beau se battre, crier, hurler sa colère, Le monde continue de l’ignorer, de la rabaisser, comme si elle n’était qu’un objet, un morceau de chair, à consommer, à jeter, sans jamais s’en soucier.

Le fait de se sentir jugée, malmenée, de se faire traiter comme une poupée est un sentiment atroce que si les rôles venaient à être inversés, le sexe dit viril ne supporterait guère.

Alors, écoutons cette voix qui nous appelle, celle de la mélancolie, de la douleur, de la révolte, Et laissons-nous emporter par cette vague de sentiments, Pour mieux comprendre la condition de la femme, et agir en conséquence.

La violence elle n’est pas que physique, elle est émotionnelle, elle est psychologique, elle est psychique et verbale.

Celui qui bat sa femme n’est pas mieux que celui qui l’insulte, celui qui immobilise sa femme contre sa volonté n’est pas mieux que celui qui lui impose des règles de vie, celui qui néglige ou ignore l’avis de sa conjointe n’est pas mieux que celui qui la juge à tout bout de champ.

Mesdames, messieurs, derrière ce masque de beauté et de grâce, se cache une douleur profonde, une souffrance intense, celle d’être méprisée, harcelée, violée, et de ne jamais trouver la paix, ni le repos.

La femme n’est pas un objet, mais un sujet pensant. Stop 🛑 à la violence faite aux femmes!

Merci !

Texte écrit par Haoussa KANTE, ancienne membre de l’AJLM (Association des Jeunes Lecteurs de Mopti), impliquée dans l’Association Malienne de Rennes pendant son volontariat en service civique au CDOS (Comité Départemental Olympique et Sportif).

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